L'USINE    DE    PIPES    RAOUL    AMIEL.

Parmi les richesses forestières si nombreuses et si abondantes dans le département de Constantine les fougères arborescentes fournissent un contingent important de produits dont l'industrie algérienne bénéficie grandement. Notamment celle des ébauchons de pipes qui s'étend et prospère chaque jour davantage, occupe d'année en année un plus grand nombre de personnes, assurant aux populations européennes et indigènes, grâce à des salaires élevés, la prospérité et la richesse. Plusieurs industries se sont montées. Parmi elles nous nous faisons un devoir de mentionner la fabrique d'ébauchons de tuyaux pour pipes Raoul Amiel, de Philippeville. Cette Maison fut fondée en 1923 par M. Raoul Amiel, sous la direction de son père, très au courant des affaires de ce genre et d'ailleurs unanimement estimé à Philippeville. En effet, M. Amiel (Pierre), père du propriétaire actuel, a été directeur des Maisons Vassas frères pendant 36 ans, après avoir dirigé les exploitations de ces firmes en Italie.

                                                           

De 1911 jusqu'en 1920, il a dirigé trois usines lui appartenant. M. Raoul Amiel, quoique étant le plus jeune industriel de la région philippevilloise, dirige son entreprise avec méthode et habileté. Il occupe une trentaine d'ouvriers à Philippeville même et, au moment de l'extraction, trois cents environ dans les forêts aux différents sièges d'exploitation. Ses exportations à l'étranger prennent de campagne en campagne une extension plus grande et sa Maison n'a pas tardé à occuper dans cette branche une place de premier plan. Nous avons pu, grâce à l'amabilité de MM. Amiel père et fils, avoir des détails aussi intéressants que significatifs sur les différentes phases de la fabrication des ébauchons de pipes. Industrie d'origine française s'il en fût, mais qui a dû voyager à l'étranger pour trouver de longues années plus tard dans son propre pays la faveur qu'on n'aurait jamais dû lui marchander.

C'est dans les Pyrénées-Orientales, vers 1850,que s'ouvrirent les premières usines d'ébauchons de pipes en bruyère sauvage. Les installations furent-elles trop rudimentaires, les débouchés manquèrent-ils, la matière première ne se trouva-t-elle pas en assez grande abondance ? On ne sait, mais il est certain que c'est en Italie que cette industrie se continua pour ne repasser la frontière que beaucoup plus tard. C'est d'ailleurs en Algérie, dans la province de Constantine, que les usines d'ébauchons de pipes se sont développées et en peu d'années ont pris une extension telle que leur ensemble fournit la moitié environ des ébauchons de pipes absorbés par la consommation mondiale. La plus grande partie de ces ébauchons sont finis à Saint- Claude, dans le Jura, ville qui s'est spécialisée dans cette fabrication, qui y a acquis un développement formidable.

                                                           

Notons pour mémoire que l'Angleterre compte quelques usines similaires disséminées sur l'intégralité de son territoire. Les forêts du Tell constantinois produisent de très bonnes fougères arborescentes dont les racines fournissent une matière première de tout premier, choix. Seulement, comme pour qu'ils soient utilisables, il est nécessaire que les sujets aient 40 ans, on doit envisager dés maintenant, en présence de l'énorme consommation qu'il s'en fait que les peuplements seront bientot épuisés et que ruinée par sa propre activité, cette industrie dévorante devra disparaitre.